Albrecht Dürer fut l’un des artistes les plus copiés et contrefaits de la Renaissance, en particulier ses estampes. Parmi un corpus de près de mille copies répertoriées, un nombre significatif utilise impunément son monogramme, ce qui amène à s’interroger sur les intentions réelles de leurs auteurs, copistes ou faussaires, ainsi que sur le statut de leurs copies : reproduction, contrefaçon ou pastiche ? L’œuvre gravée d’après Dürer illustre donc une réalité ambiguë, où se mêlent copies et faux selon un contexte sans cesse changeant, et offre une étude de cas idéale pour réfléchir à la notion de pouvoir artistique – Gewalt – dans les écrits théoriques de Dürer, à son recours systématique au monogramme pour le protéger, à ses fameuses actions en justice contre ceux qui le menaçaient et, plus largement, au statut juridique des images techniquement reproductibles dans le nouveau monde de l’imprimé, et à leur diffusion massive comme au nouveau danger qui les menace : la contrefaçon.
Dimanche 8 juin, 16h00
Château de Fontainebleau - quartier Henri IV, salle à manger