La mission de conservation embrasse l’enjeu d’authenticité, qui consiste à préserver l’originalité de la matière, malgré les transformations dues à un vieillissement naturel ou prématuré, entraînant une décoloration qui est souvent la dégradation la plus perceptible.
Dans le cas d’étoffes disparues au gré des vicissitudes de l’Histoire ou n’offrant plus la résistance structurelle nécessaire pour être maintenue en place, la restitution est employée. Oscillant entre le vrai et le faux, quel est le statut de cette « copie pédagogique », servant la récréation d’un élément ou d’un ensemble ? En effet, lorsque l’étoffe originale est absente, le recours aux archives est parfois d’une aide insuffisante pour assurer une restitution fondée scientifiquement. Dans le cas d’étoffes très dégradées mais conservées, l’analyse des armures de tissage, de la nature des fils et des coloris originaux est plus aisée, parfois par comparaison avec des éléments anciens conservés dans d’autres collections, et conforte le travail de restitution. Mais, sans source iconographique, quelle est le degré de véracité dans les arrangements tapissiers ? Autant de questions qui incitent à interroger la palette des méthodes, entre archéologie et savoir-faire en matière de tissage et de confection – mises en œuvre dans la préservation et la mise en valeur des ensembles textiles.
Vincent Cochet, conservateur en chef du patrimoine, château de Fontainebleau