Quels seront les temps forts du FHA24 ?

Toute l’équipe du festival vous adresse ses meilleurs vœux ! En 2024, nous vous donnons rendez-vous les 31 mai, 1er et 2 juin pour une 13e édition autour du thème du sport et avec le Mexique comme pays invité.

Alors en guise d’échauffement, découvrez quelques temps forts de la programmation de cette édition qui promet des moments hauts en couleurs !

Jeu, set et match ! 

D’un côté, le Mexique comme pays invité. De l’autre, le sport comme thème annuel. Rien n’obligeait les futures participantes et participants au festival à tenter de mêler les deux thèmes. Certains ont tout de même souhaité relever le défi ! Si le festival proposera un accrochage de reproductions photographiques consacrées aux femmes pratiquant ce sport mythique au Mexique qu’est la lucha libre, c’est aux jeux de balle mésoaméricains que sera consacré le dialogue entre Terry David (INALCO/Paris 1 Panthéon Sorbonne) et Eric Taladoire (Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Le jeu de balle (ullamaliztli) apparait aux alentours du IIe millénaire avant notre ère et sa présence est attestée sur plus de 3000 ans sur un territoire s’étendant de l’actuel État américain de l’Arizona jusqu’au Nicaragua. Deux équipes d’un à douze joueurs jouaient avec une balle en caoutchouc sur un terrain dont la typo-morphologie variait selon les périodes et les relations interculturelles entretenues par les différentes communautés. On ne pouvait y jouer qu’en utilisant certaines parties du corps. Le jeu a été repris par les Mexicas (ou Aztèques) dans une version que connurent les conquistadors, et dont ses variantes subsistent encore aujourd’hui dans le nord-ouest du Mexique, nommées ulama. Ce dialogue s’intéressera à l’étude de ces sports mésoaméricains, sur un plan historiographique – c’est en effet entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle que s’initie, au-delà de l’archéologie, la recherche sur ces pratiques sportives – mais également sur l’interdisciplinarité nécessaire pour étudier cette pratique, l’histoire de l’art devant jouer en équipe avec l’archéologie, l’anthropologie ou l’ethnologie. Mais au-delà de l’étude de ce sport en lui-même, c’est aussi la culture artistique et visuelle qui s’est conjointement développée qui sera l’un des objets attendus de ce dialogue : terrains architecturés, sculptures, objets, représentations dans des manuscrits préhispaniques et sur des fresques, voilà autant d’objets d’études qui seront abordés dans ce dialogue qui, à n’en pas douter, fera salle comble pendant le festival !

Maquette d'une partie de jeu de balle, 200 av. J.-C. - 500 apr. J.-C., céramique, 16,5 x 36,8 x 27 cm, Worcester, Massachusetts, États-Unis, Worcester Art Museum

La Guerre des images

Comprendre la première mondialisation au XVIe siècle sans se laisser piéger par une conception monolithique des cultures concernées, en gardant les yeux ouverts sur leur porosité, c’est la tâche que s’est donné Serge Gruzinski, historien, paléographe et archiviste et l’un des plus grands spécialistes de l’Amérique coloniale. Depuis ses premières recherches des années 1980 sur les relations entre pouvoir indigène et domination coloniale au Mexique, jusqu’à son dernier ouvrage Quand les Indiens parlaient latinColonisation alphabétique et métissage dans l’Amérique du XVIe siècle (octobre 2023), il n’a cessé d’étudier les mécanismes d’assimilation qui ont accompagné le contact entre cultures indigènes amérindiennes et la culture européenne. Imbrications, passages, croisements, contaminations sont quelques exemples de métaphores mobilisées pour décrire la volubilité de ce processus de métissage.   Fasciné par l’inventivité qui est à l’œuvre dans l’appropriation interculturelle, il en théorisé le fonctionnement à l’aide d’une lecture attentive de sources diverses : peintures murales exécutées par des artisans indigènes dans les monastères franciscains ou les palais des dignitaires, codex officiels où les pictogrammes ancestraux se mêlent plus ou moins librement aux images et au langage hispaniques, nomenclature des matériaux et des objets, etc. Il est aussi l’un des premiers à distinguer la part stratégique que joue le métissage lorsque les élites indigènes acceptent l’intégration dans la nouvelle société, tout en essayant de sauvegarder certains éléments de leurs cultures anciennes.

Grand invité du festival, Serge Gruzinski prononcera une conférence sur la guerre des images et la colonisation alphabétique dans le Mexique de la Renaissance.

Juan Gerson, « Les quatre cavaliers », détail issu du cycle "Apocalypse de Tecamachalco", XVIe siècle

L’art comme sport de combat ?

Parmi tous les sports, il était normal que celui surnommé « le noble art » soit en bonne place dans la programmation de cette nouvelle édition du festival de l’histoire de l’art. Outre un ciné-concert pendant lequel sera projeté « Le Roman de Carpentier », film biographique – réalisé en 1913 et restaurée par le CNC – de Georges Carpentier, légende de la boxe française et premier champion du monde français en 1921, la programmation scientifique proposera une table ronde sur les liens qui unissent la boxe, l’art et les artistes. Modérée par Marine Nédélec, docteure en histoire de l’art contemporain (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), cette table-ronde verra intervenir Fanny Bouquet (chargée de recherche), Paul Bernard-Noureau (Aix-Marseille Université) et Maxime-Georges Métraux (Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Pensée comme une réflexion sur la boxe et les arts sur un temps long, plusieurs sujets seront discutés. A travers plusieurs médiums, l’iconographie et la culture visuelle de la boxe dès les XVIIIe et XIXe siècle permettra de comprendre comment, par quelles techniques et à travers quelles sources, s’est mise en place l’image de ce sport. Ces chercheuses et chercheurs se demanderont également ce que la boxe a fait – et fait encore – aux arts visuels, ou plus précisément comment la représentation de ce sport (et peut-être plus largement des sports de combat), accompagne un renouvèlement tant des motifs que des styles. Enfin, l’analogie récurrente – et le plus souvent construite par les protagonistes – entre artistes, collectionneurs ou amateurs d’art et boxeurs sera aussi au centre des débats. L’art comme sport de combat ? La phrase est bien connue mais elle mérite que l’on y consacre ce temps de réflexion. Ainsi, du corps du sujet au corps du peintre, du jab et de l’uppercut aux coups de pinceaux, du ring à l’atelier, il n’y a qu’un pas que les participantes et les participants de cette table ronde n’hésiteront pas à franchir !

Adrienne Jouclard, Boxeurs, 1928, Aquarelle sur papier, 24 x 32 cm, Paris, Musée national d'art moderne

Et le cinéma dans tout ça ?

Grâce à un beau partenariat avec la Fondation Olympique pour la Culture et le Patrimoine (missionnée par le CIO), la section cinéma proposera de découvrir quelques films olympiques issus du fonds du Musée Olympique à Lausanne. Officialisée en 1930, la création de films olympiques apporte un regard unique sur l’aventure des Jeux, et met en lumière l’âme particulière d’une édition (hiver comme été), comme le contexte social et culturel plus large dans lequel elle s’inscrit. Au cours du siècle, leur facture documentaire a évolué, témoignant de plus en plus d’un ambitieux souci artistique. La réalisation des films officiels a ainsi été confiée à des cinéastes de renommée mondiale : Leni Riefenstahl, Kon Ichikawa, Claude Lelouch, Milos Forman, Arthur Penn, John Schlesinger, Carlos Saura ou encore Naomi Kawase[1].

Quatre films seront montrés en intégralité dans leur version restaurée par le CIO : Olympia (1936) de Leni Riefenstahl, Les Neiges de Grenoble (1968) de Jacques Ertaud & Jean-Jacques Languepin, Olimpiada en México(1969) d’Alberto Isaac, ainsi que Alain Mimoun (1959) de Louis Gueguen, magnifique court-métrage consacré au coureur de fond vainqueur du Marathon aux JO de Melbourne de 1956. Les projections seront introduites au cinéma Ermitage par Robert Jaquier (chargé du projet « films olympiques » à la Fondation Olympique pour la Culture et le Patrimoine) qui proposera également au château une conférence évoquant encore d’autres films de la collection.

Parmi les titres projetés, Olimpiada en México se trouvera à la croisée des deux volets du festival, Sport et Mexique. Réalisé par Alberto Isaac, lui-même nageur olympique, assisté de 81 opérateurs, le film documente le déroulement des Jeux Olympiques de Mexico en 1968. Proposant une plongée dans les différentes épreuves marquantes de cet événement (de l’athlétisme au water-polo), il témoigne de moments forts tels que le bond prodigieux de Bob Beamon au saut en longueur, les triomphes de Debbie Meyer dans la piscine ou encore la technique révolutionnaire du « flop » de Dick Fosbury au saut en hauteur. Si Olimpiada en México ne s’attarde pas sur le contexte politique et social d’une immense violence dans lequel s’ouvrirent ces Jeux[2], il enregistre néanmoins le poing levé du « Black Power », acte de contestation politique mené par les athlètes afro-américains Tommie Smith et John Carlos lors de la cérémonie de remise des médailles du 200 mètres le 16 octobre 1968 au stade olympique universitaire.

Olimpiada en México, Alberto Isaac, 1969 © Fondation Olympique pour la Culture et le Patrimoine, Musée Olympique, Lausanne

Le Mexique en musique

A l’occasion de la sortie de leur nouvel album, Santa Suerte, la Kumbia Boruka se produira le 1er juin 2024 au soir dans le théâtre municipal de la ville de Fontainebleau. Ce groupe de 8 musiciens, dont 2 chanteurs, fondé il y a maintenant plus de 10 ans, a pour berceau la mégalopole urbaine de Monterrey, au Nord-Est du Mexique.

Dans les années 1960, c’est au cœur de cette région montagneuse du Nuevo León que la cumbia colombienne rencontre la musique norteña mexicaine qui trouve elle-même ses racines dans la pratique de l’accordéon des populations immigrées d’origine européenne. Au sein des quartiers populaires naissent alors des figures locales puis internationales telles que le rebelde del acordeón, Celso Piña, dont l’œuvre fait dialoguer musique traditionnelle mexicaine, airs de cumbia, influences tropicale et afro-caribéenne.

Auprès de cette légende de la musique mexicaine, Hernan Cortès Nava, le fondateur de la Kumbia Boruka, fait ses gammes et débute sa carrière de musicien. Il en porte aujourd’hui l’héritage et propose avec ses compañeros de véritables performances scéniques en communion avec le public. L’expression populaire boruka, empruntée au vocabulaire de la jeunesse de Monterrey désigne en effet une démonstration vive, bruyante et collective de la joie.

Après deux premiers albums, La Vida se Vive puis El Remedio, et déjà plus de 400 apparitions sur des scènes européennes, la Kumbia Boruka donne rendez-vous aux aficionados pour un concert gratuit mêlant le rythme puissant des percussions à des sonorités électriques et cuivrées qui subliment les mélodies de l’accordéon et du chant. A travers ce spectacle, c’est bien un Mexique à la confluence de tant de traditions et au sein duquel le métissage est érigé comme un des fondements même de la culturelle nationale que nous vous invitons à voir et entendre !

Hernán Cortés, chanteur et accordéoniste au sein de la Kumbia Boruka © DR

[1] Le Comité international olympique estime que ces cinéastes « ont su repousser les limites de la tradition documentaire olympique afin de créer un cinéma puissant, lequel fait désormais partie de l’héritage culturel des Jeux ». (https://olympics.com/cio/news/naomi-kawase-choisie-pour-realiser-le-film-officiel-des-jeux-olympiques-de-tokyo-2020)

[2] Dix jours avant l’ouverture des Jeux olympiques d’été au Mexique, dans l’après-midi et la nuit du 2 octobre 1968, l’armée mexicaine a ouvert le feu sur plusieurs milliers de personnes, étudiantes et étudiants, manifestant sur la place des Trois Cultures dans le quartier de Tlatelolco à Mexico.