Attribuer une œuvre repose sur deux critères de nature radicalement opposée : le document et ce que l’on appelle d’un terme bien vague, « l’œil ». Certains historiens de l’art ont la main verte. Le don de l’attribution n’est pas également réparti. S’y ajoute la pratique régulière de l’artiste concerné. L’avis du spécialiste incontesté de l’œuvre de Caravage ou de Watteau n’a guère autorité pour se prononcer sur Rembrandt ou sur Monet. Il s’en gardera bien, avec sagesse. Dès le XVIIe siècle, de son vivant, les tableaux de Nicolas Poussin (1594-1665) furent copiés, pastichés. Ses Paysages furent confondus avec ceux de son beau-frère Gaspard Dughet (1615-1675). Blunt en 1966 catalogue 202 tableaux de Poussin, Thuillier, en 1974, 224. Vingt ans plus tard, il en accepte 250. Notre catalogue raisonné de l’œuvre peint de Poussin en retient 293. Pour une partie, ce ne sont pas les mêmes. Quelles sont les questions qui restent aujourd’hui en suspens ? Plusieurs exemples : La Mort de Chioné (Musée des Beaux-Arts de Lyon), Olympos et Marsyas (collection particulière), La Sainte Famille à l’escalier (Cleveland Museum of Art) illustreront notre propos.
Samedi 7 juin, 11h15
Château de Fontainebleau - salle des colonnes
