La Rue rouge (Scarlet Street)

La Rue rouge (Scarlet Street)
  • 7 juin 202517h30à 19h30

La Rue rouge met en scène les mésaventures d’un modeste employé de banque, Christopher Cross, peintre du dimanche, fasciné par une femme qui se joue de lui et s’approprie avec l’aide de son complice ses propres tableaux. Fritz Lang signe là l’un des plus grands films noirs hollywoodiens, où le vrai se dissimule derrière le faux, où foisonnent faux-semblants et mensonges. Né à Vienne où il a étudié l’architecture comme son père, Fritz Lang s’est d’abord longtemps rêvé peintre, et a même travaillé auprès de Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye en 1913. C’est à Berlin en 1919 qu’il a démarré sa carrière de cinéaste avant de s’exiler en 1934 vers les États-Unis pour fuir le nazisme, à l’instar de Billy Wilder ou Otto Preminger, comme lui bientôt naturalisés américains. Avec La Rue rouge (Scarlet Street, 1945), Lang signe son dixième film hollywoodien en réalisant un remake de La Chienne de Jean Renoir (1931), film lui-même adapté du roman éponyme de Georges de La Fouchardière. La Rue rouge n’est toutefois pas une simple copie de La Chienne, et Lang fait bien plus que s’inspirer du scénario de Renoir : il déplace son intrigue tragique dans l’atmosphère propre au film noir qu’il a pleinement investie en arrivant aux États-Unis, retrouvant dans le genre la possibilité de peindre à nouveau les ombres, les lumières et les âmes tourmentées de son cinéma expressionniste, de Docteur Mabuse le joueur (1922) à M le maudit (1931). Dans sa filmographie, La Rue rouge suit immédiatement un autre film noir, La Femme au portrait (The Woman in the Window, 1944), son premier véritable succès aux États-Unis. Les deux films partagent le même trio d’acteurs (Edward G. Robinson, Joan Bennett et Dan Duryea) et décrivent tous deux de complexes et dangereuses entreprises de manipulation, mais l’un n’est en aucun cas la copie de l’autre.

D’après le roman La Chienne de Georges de La Fouchardière
Avec Edward G. Robinson, Joan Bennett, Dan Duryea

Intervenants : Marie Anne Guerin (critique de cinéma revue Apaches)

Crédit photo : Fritz Lang, La Rue rouge (Scarlet Street), 1945 © Les Films du Camélia

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