Portrait de Kiyoshi Kurosawa, invité d’honneur de la section cinéma

A lui seul, Kiyoshi Kurosawa pourrait incarner le cinéma japonais des années 80 à nos jours. Il en traverse tous les genres populaires. Dans les années 80, il débute dans le cinéma pink, ces films érotiques à petit budget permettant souvent aux débutants de faire leurs premiers pas. Au début des années 90, pour le V-cinéma (films distribués directement en vidéo), il réalise des films de gangsters. A la fin de la même décennie, il participe à la vague de films d’horreur et de thrillers connue sous le terme de J-horror. C’est dans ce domaine qu’il va réaliser ses premières œuvres notables comme le film de serial killer Cure (1997) qui le fait connaître à l’étranger. Une même atmosphère sombre et oppressante baignera son chef-d’œuvre Kairo (2001) où les fantômes envahissent notre monde et font disparaître les vivants. Bien qu’à partir des années 2000, il ne se cantonne plus au fantastique, Kiyoshi Kurosawa dévoile toujours la face cachée du Japon : le déclassement social dans Tokyo Sonata (2008) ou l’asservissement des femmes dans Shokuzai (2012). Dans Les Amants sacrifiés (2020), les spectres sont historiques, le récit d’espionnage concernant des crimes de guerre, dont la reconnaissance reste problématique dans le Japon contemporain. Le maître des fantômes n’a pas fini de traquer les ombres de son pays.

Stéphane du Mesnildot, critique de cinéma