Le sport, thème du FHA24

Sport et histoire de l’art ? Cette association peut paraitre incongrue, et pourtant, penser le sport peut nous apprendre beaucoup sur notre discipline.

Il existe, dans les vitrines du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre, une amphore en argile peinte, datée de 500 avant notre ère. Sur l’une des deux faces de la panse est représentée la déesse Athéna, pendant que sur l’autre sont figurés trois athlètes masculins, nus, en pleine course. Le premier, nettement en avance sur ses deux concurrents, prend même le temps de se retourner. Un peu plus de 2500 ans plus tard, lors des Jeux Olympiques d’été 2016 à Rio de Janeiro, un certain Usain Bolt, légende jamaïcaine du sprint, se retrouve dans la même situation que son homologue athénien. Lors de la demi-finale du 100 mètres, épreuve reine des olympiades, sa domination est telle qu’il se permet de se retourner vers ses concurrents, moment capté dans un cliché devenu iconique. Ce rapprochement peut faire sourire, mais il dénote d’une forme de survivance tant dans les attitudes corporelles des athlètes que dans les images produites lors d’un événement sportif. Que l’on soit à Athènes ou à Rio, le corps, l’effort, la domination d’un athlète, sa victoire ou sa défaite, le lieu dans lequel il se produit ont été et sont toujours des sujets pour les artistes et, par extension, pour les historiennes et historiens de l’art.    

Peintre de Cléophradès, amphore, ca 500 avant J.C., céramique à figure noire, 53 x 41,6 cm, Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
Usain Bolt remporte la demi-finale olympique du 100m, Jeux Olympiques de Rio, 15 août 2016 © Reuters

Travailler à la programmation du festival, c’est aussi faire des découvertes pour le moins singulières. Parmi la longue liste des édifices et immeubles classés au titre des Monuments historiques, au même titre que le phare de Cordouan ou que notre cher château de Fontainebleau, se trouve l’immeuble du 14 rue de Trévise, dans le 9e arrondissement de Paris. Construit en 1893 par l’architecte Emile Bénard et sur demande de l’association YMCA Paris, cet immeuble réunissait dans un même lieu et pour la première fois en France une salle de concert et théâtre, une bibliothèque, des chambres, une piscine, un bowling et, clou du spectacle, un gymnase qui est aussi la première salle de basketball du monde, une salle en pleine restauration pour être prête en 2024. Les premiers contacts engagés avec la Fédération Française de BasketBall augurent d’un partenariat inédit pour organiser durant le festival un événement autour de l’histoire et l’architecture de ce lieu sportif unique et si singulier.      

Autant qu’un stade ou un gymnase, la rue peut aussi accueillir tant le sport que l’art, et parfois même les deux conjointement. C’est ce que nous apprend par exemple les textes et les photographies de Raphael Zarka, à la fois skateur et figure incontournable de l’art contemporain français. Pour le plasticien français, l’art public est le plus intéressant des skate-parks. Dans son ouvrage Riding Modern Art[1], il a publié plus de soixante-dix photographies, trouvées dans des magazines ou sur des sites spécialisés, montrant des skateurs prenant des œuvres d’art public pour des modules de skate-parks. N’y voyez aucun manque de respect ni aucune désacralisation de l’art, bien au contraire. Raphaël Zarka explique que les skateurs privilégient à une relation esthétique la relation mécanique et formelle de l’œuvre d’art qui devient support mais dont la forme n’en est pas moins révélée par l’acte sportif même.

[1] Raphaël Zarka, Riding Modern Art, Paris, Editions B42, 2022.

14 rue de Trévise, Paris