Le musée du Louvre, un nouveau partenaire pour le Festival !

Dès la fin du mois de mai, le Plaisir et le Japon investiront le musée du Louvre. À cette occasion nous avons rencontré Dominique de Font-Réaulx, directrice du service de la médiation et de la programmation culturelle. Historienne de l’art et fidèle festivalière, elle nous raconte ce que lui évoque le Festival et nous en dit plus sur ce partenariat inédit.

« Les bons partenariats se font en marchant »

 

Kenji Mizoguchi, Cinq femmes autour d’Utamaro, 1946 © Films sans frontières

 

Dominique de Font-Réaulx est conservatrice générale du patrimoine. De 2013 à 2018, elle dirige le musée national Eugène-Delacroix. Participante fidèle du Festival, tant comme spectatrice qu’intervenante, c’est aujourd’hui en tant qu’historienne de l’art et responsable du service médiation et programmation culturelle du musée du Louvre que nous avons le plaisir d’échanger avec elle. Au programme de cet entretien : partenariats à petits pas, rapport aux œuvres et sens du partage.

Que représente pour vous le Festival ?

Pour moi le Festival c’est avant tout le lieu de rendez-vous des personnes et des idées. Dans notre domaine de l’histoire de l’art, les occasions ou les événements où l’on a l’opportunité de se retrouver tous ensemble sont finalement assez peu nombreux. Au-delà du contenu scientifique toujours très varié, je trouve que cette dimension festivalière revêt vraiment une importance toute particulière. Pendant trois jours, nous nous retrouvons autour de thématiques qui nous intéressent les uns et les autres, à la fois dans les conférences mais surtout dans les allées. Ce côté physique, croiser un collègue, un étudiant, prendre un thé puis assister de nouveau à une table ronde ; le foisonnement de propositions est assez grisant.

C’est aussi l’occasion d’avoir des échanges différents avec les étudiants avec qui l’on peut déjeuner ou discuter de manière plus informelle. Non plus seulement sur le contenu des cours mais aussi sur les questions de carrière et du milieu de l’art en général. Cet aspect de mélange des générations me tient particulièrement à cœur. Dans un autre registre, il y a aussi le plaisir des choses simples comme le train que l’on prend depuis la Gare de Lyon ou la promenade dans le parc lorsqu’il fait beau. Le château-musée de Fontainebleau c’est un cadre extraordinaire !

 

Le Festival a le plaisir d’inaugurer pour la première fois un partenariat avec le Louvre. Nous n’aurions peut-être pas dû attendre si longtemps…

Peut-être, mais dix ans passent tellement vite après tout !

Au Louvre, l’enjeu de l’histoire de l’art comme discipline est au cœur de nos projets, à l’auditorium ou dans le cadre de nos activités culturelles, portées par les conservations du musée et nos invités. Nous avons une programmation très riche avec de belles conférences de présentations d’ouvrages et d’expositions, d’actualités de la recherche archéologique et historique. Si la fréquentation globale de ces événements nous satisfait, nous aimerions toucher davantage le public étudiant. En discutant avec les équipes, nous nous sommes dit que ce serait intéressant de pouvoir créer des passerelles avec le Festival pour entraîner les étudiants à suivre en plus grand nombre les projets du Louvre, leur permettre de s’approprier encore mieux les lieux et les collections.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur les événements que vous organisez en lien avec le Festival ?

Tout d’abord, nous sommes contents de pouvoir nous inscrire dans le sillon du Festival et de proposer du contenu sur ce thème particulièrement stimulant du Plaisir.

Si le musée est autorisé à ouvrir à la fin mai, alors dans un premier temps nous aurons la chance de projeter le classique japonais Cinq femmes autour d’Utamaro et d’accueillir Ewa Lajer-Burcharth, professeure à Harvard, pour une conférence sur Fragonard. Puis, dans un second temps, de dévoiler de nouveaux parcours de visites dans les salles sur le plaisir des sens, l’érotisme, les interdits moraux, l’amour de créer, le plaisir coupable ou encore celui de collectionner ; beaucoup de très belles choses en perspective !

 

Puisque l’on parle de perspectives de réouverture, aviez-vous déjà mis en place de nouvelles pratiques entre mai et octobre 2020 suivant le premier confinement ?

Les deux mois du premier confinement ont donné lieu à une forte période de réflexion au sein de notre direction de la programmation. Faute de pouvoir accueillir le public, nous nous sommes très rapidement demandé quel type de contenu devait être partagé en priorité sur les réseaux et nous avons alimenté considérablement le site internet. Profitant de cette coupure forcée avec les visiteurs, nous avons pensé autrement la homepage présentant les activités culturelles. Nous avons tiré avantage de la réouverture en juillet 2020 pour envisager différemment les visites guidées d’une heure que les visiteurs pouvaient parfois trouver trop longues. Dans l’optique qu’à la réouverture, le public aurait peut-être des attentes différentes vis-à-vis des lieux culturels. Un panel de huit visites thématiques gratuites de vingt minutes, visite « mini-découverte », a été élaborée. Ces visites couvrent l’ensemble des départements du Louvre et fonctionnent très bien ! Les gens finissent par suivre trois conférences au lieu d’une soit le temps normal d’une visite guidée habituelle. Je pense que la narration et le récit, surtout par rapport aux coulisses d’un lieu ou son histoire ont toutes leur place au musée, que cela fait partie de ce qui intéresse nos visiteurs, dans les galeries comme en ligne. Il faut aussi leur permettre de profiter des collections avec davantage de spontanéité, le format court est très pratique pour cela.

 

Vous parlez de spontanéité et de goût du public, en tant qu’habituée du Festival, y-a-t-il un aspect de la programmation que vous aimeriez voir grandir davantage ?

La pluridisciplinarité est cruciale ; c’est un des atouts du Festival. L’art contemporain et le cinéma ont acquis une certaine place au sein de sa programmation ces dernières années et je trouve ça très bien. Nous pourrions faire une place plus grande à la danse par exemple. Pour moi c’est important de montrer ces croisements artistiques qui ne sont pas toujours présentes dans notre discipline.

C’est un autre point qui concerne les festivals, pas uniquement le Festival de l’histoire de l’art, mais parfois j’aimerais garder un souvenir des festivals auxquels je participe, quelque chose comme une publication qui concentrerait les émotions vécues, sous forme numérique ou audiovisuelle, par exemple. J’ai déjà participé à six éditions du festival, j’ai mes propres souvenirs mais parfois j’aimerais me replonger dans quelque chose qui reprendrait l’ensemble d’une édition. Il y a peut-être là quelque chose à creuser sous forme de cartes blanches ?

 

Des cartes blanches comme autant de futures pistes de collaboration entre le Festival et le Louvre ?

Oui peut-être ! Mais vous savez, nous verrons bien assez tôt. Après tout, les bons partenariats se font en marchant. Nous n’avons pas encore d’idée précise pour l’avenir mais une chose est sûre, j’aimerais beaucoup que nous puissions avancer ensemble !