Josselin Tecquert, second lauréat du concours « Ma thèse en histoire de l’art en 180 secondes »

Josselin Tecquert prépare une thèse intitulée « Diplomatie et guerres dans les cités-Etats mayas des Basses Terres à la période classique (300 – 900 è.c.) Etude statistique diachronique des événements politiques et de leur impact sur le développement architectural local et régional », sous la direction de Grégory Pereira (ArchAm, Paris 1 Panthéon Sorbonne) et Nikolai Grube (Universität Bonn). Codirection de Philippe Nondédéo (ArchAm).

Le samedi 3 juin 2023, sa prestation lors du concours « Ma thèse en histoire de l’art en 180 secondes » a été récompensée par le second Prix du jury.

Détail de la scène de bataille de la salle 2 de la structure 1 de Bonampak, 792 ap. J-C. (Daniel Guzman, s.d.)

 Il y a 1644 ans, Yax Nuun Ahiin est sacré roi de Tikal au Guatemala. Avec son épouse, dame K’inich, ils eurent un fils, Sihyaj Chan K’awiil. Celui-ci devient à son tour roi de Tikal le 26 novembre 411 à la mort de son père. Aujourd’hui, on arrive donc à connaître en détail et au jour près les couronnements, les naissances, les mariages, les cérémonies religieuses, les danses, les guerres ou les batailles, 1100 ans avant l’arrivée des européens. 

Si on connaît aussi bien cette histoire politique, c’est grâce à l’usage de l’écriture, que les Mayas sont les seuls à maîtriser sur le continent de l’Amérique précolombienne. On dénombre plusieurs milliers de textes biographiques de propagande, directement commandés par les souverains, pour mettre en avant leur domination sur la société. 

Pour les épigraphistes, qui sont spécialistes de l’étude des anciens textes, les évènements impactent directement et de manière totale le monde maya, car ils conduisent à des bouleversements du cadre politique. Mais peut-on véritablement reconstituer ce cadre politique et sociétal en se basant uniquement sur des textes de propagande qui ne concernent que les élites ? Ces questionnements sont ceux des archéologues, qui fondent leurs recherches sur les vestiges matériels des populations, et qui sont très sceptiques d’une lecture trop absolue des textes. 

Que faire face à cette division ? Il faut réunir ces connaissances, pour utiliser les vestiges archéologiques comme une clef de compréhension de l’épigraphie. L’architecture, par exemple, est un excellent indicateur de l’état de santé d’une communauté. La construction d’un temple implique des besoins et des préoccupations différentes de la construction de structures défensives. En rapportant cet état de santé sociétal aux faits historiques, on pourra percer la question de la propagande, pour reconstituer le plus fidèlement possible le cadre politique des anciens Mayas. 

Détail de la stèle Am1928, Q.79 de Pusilha, 600-800 ap. J.-C. (British Museum, s.d.)