Cette année, Le Grand Prix du festival est attribué à Jérôme Prieur pour son documentaire Les Sentinelles de l’oubli (France, 2023, 1h24, musique Marc-Olivier Dupin. Mélisande films en coproduction avec LCP-Assemblée nationale) avec la participation de l’Académie des Beaux-arts, Pictanovo et la Région Hauts-de-France, TV5 Monde, la DMCA – Direction de la Mémoire, de la culture et des archives du Secrétariat d’Eta chargé des Anciens combattants et de la Mémoire auprès du Ministère des Armées, La Fondation d’Entreprise La France Mutualiste, La Région Grand-Est – Mémoire des conflits, Le Lieu documentaire, La Fondation d’Entreprise la Poste, Le Musée d’Orsay, Axiom, le CNC – Centre national du cinéma et de l’image animée, la Procirep-Angoa et le soutien de l’ECPAD- Etablissement de production et de communication audiovisuelle de la Défense.
Choisi à l’unanimité des membres du jury, il s’agit d’une exploration bouleversante d’un musée en plein air que nous ne voyons pas ou plus se confondant avec les paysages de France, oublieux que nous sommes des monuments aux morts de 1914-1918 et de leurs artistes plus ou moins connus, oublieux que nous sommes aussi du danger et du bruit persistant de la guerre. Et puis un beau jour, une sculpture arrête le regard. Une autre histoire apparaît, le plus gigantesque chantier artistique peut-être depuis les cathédrales. Ces statues font entrer dans un monde parallèle, là où continuent de vivre les fantômes de la Grande Guerre.
Le film explore, dans ces lieux de mémoire, les plis des sculptures autant que les plis de l’histoire de l’humanité et rend hommage à ces anonymes, artistes comme soldats, chair à canon d’une folie des hommes qui ne s’est jamais arrêtée. Par ce film, Jérome Prieur regarde le passé et le convoque à nouveau, tel du sel sur une plaie, pour ne pas oublier, mais aussi pour ne pas fermer les yeux.
Jérôme Prieur est écrivain et cinéaste, auteur et réalisateur d’une œuvre qui fera date dans le genre du documentaire d’histoire. Ses films explorent les traces du passé laissées par les images d’archives, films et photographies, par les écrits, journaux intimes et correspondances, mais aussi par les objets et les lieux. Parmi ses réalisations les plus marquantes, figurent Le Mur de l’Atlantique (2010), Hélène Berr, une jeune fille sous l’occupation, primé en 2014 par le syndicat français de la critique et les Rendez-vous de l’histoire, Ma vie dans l’Allemagne d’Hitler (2019) ou encore Vivre dans l’Allemagne en guerre (2020). Il a par ailleurs mené avec Gérard Mordillat plusieurs séries télévisées sur l’histoire du christianisme Corpus Christi (1998), L’Origine du Christianisme (2003), Jésus et l’Islam (2015). Il a également publié plusieurs essais et textes comme Nuits blanches (Gallimard), Proust fantôme (Le Promeneur), La Moustache du soldat inconnu (Seuil) ou Où est passé le passé. Traces, archives, images (en dialogue avec Laurent Olivier, La Bibliothèque). Vient de paraître Regarder et ne pas voir. Louis Gillet, un témoin au cœur des années sombres (1936-1943), Seuil, «La librairie du XXIe siècle, mars 2024)
Les lauréats du Grand Prix du festival de l’histoire
de l’art 2023 et 2022
- Jean de Loisy pour l’émission « L’Art est la matière» sur France Culture (2023)
- Samuel Delerue et Isabelle Kalinowski pour l’édition et la première traduction en français du texte de Carl Einstein Je vois une maison (présent dans l’ouvrage La Discontinuité même, éd. L’Écarquillé, 2021) (2022)
Avec le généreux soutien de la maison Cartier