thème 2021 :
le plaisir

Avec plus de 55 interventions invitant le public à découvrir les connexions riches et plurielles entre art et plaisir, il n’y a pas de thème plus approprié que celui-ci pour fêter le 10e anniversaire du Festival..

Omniprésent dès l’origine dans la peinture, l’architecture et les arts décoratifs, ce thème va jusqu’à devenir synonyme de la représentation de la vie elle-même. Dès l’Antiquité, on voit apparaître des scènes de plaisirs qui convoquent la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher dans la décoration des objets de culte aussi bien que des objets de la vie quotidienne. Le sujet du plaisir des sens, sans lesquels le répertoire artistique serait bien pauvre, occupera donc une série de conférences et tables rondes.

Le Festival rend hommage à cette grande parade des plaisirs sensuels, aussi bien dans le programme des conférences qu’au cinéma. Une table ronde transversale sur le festin sera organisée, avec des historiens et des artistes. Des conversations accompagnées d’extraits musicaux sur les plaisirs de l’écoute ou sur les plaisirs du regard s’enchaîneront pendant les trois jours dans tous les sites associés au Festival. D’autres présentations sur les plaisirs de la sociabilité compléteront ce programme avec une table ronde sur les images des pratiques ludiques, ainsi que des conférences sur les lieux spécialement consacrés au plaisir comme le boudoir intime. Enfin, des visites physiques et virtuelles du château et de ses jardins viendront compléter les réjouissances.

Éros occupera évidemment une place à part dans ce programme, tout comme dans la section cinéma du Festival. Une partie de la programmation scientifique et culturelle sera dédiée aux liaisons entre art et plaisir érotique avec, entre autres, des conférences consacrées à l’évocation du plaisir charnel dans la peinture italienne de Corrège à Titien et dans l’art français du XVIIIe siècle, ou encore à l’image de la bacchante dans l’art de la fin du XIXe siècle. Mais cette section serait incomplète sans une réflexion autour du regard sexué au sein des études de genres et ses implications politiques, sociales et culturelles, qui ont bouleversé l’histoire de l’art de ces cinquante dernières années.

Gabriel de Saint-Aubin, L'Académie particulière, vers 1755, huile sur toile, 34 x 38 cm, New York, The Frick Collection

Un deuxième grand volet sera consacré au plaisir qu’éprouve tout spectateur, dont l’historien d’art, face aux œuvres. Les émotions offertes par les œuvres sont en effet souvent taboues dans une discipline aux prétentions scientifiques, censée identifier rigoureusement leurs auteurs, dégager leur signification, retracer le contexte historique de leur création et s’assurer de leur état de conservation.

Il n’y a pas de tâche plus aventureuse que celle de reconnaître le plaisir de l’activité créatrice sans l’enfermer dans des clichés ou des mots vides. Comment expliquer la passion difficilement maîtrisable du plaisir de collectionner ou, pour le commissaire d’exposition, le plaisir de voir momentanément réunies des œuvres dans un nouvel ensemble ? Mystérieux est aussi le plaisir de l’écriture, qui fait nécessairement partie de la profession de l’historien de l’art. Conservateurs, médiateurs, chercheurs et collectionneurs tentent de mettre des mots sur le plaisir que leur procurent leurs activités respectives.

Sur cette question, on pourra notamment écouter deux figures importantes dont les collections privées sont actuellement en train de s’ouvrir au public : Laurent Dumas, président d’Emerige et Pierre Rosenberg, ancien directeur du Musée du Louvre, à l’origine du futur Musée du Grand Siècle.
Et enfin, place à la création vivante : le Festival est ainsi honoré de recevoir Jean-Jacques Lebel, l’actrice Jeanne Balibar, les plasticiens Hélène Delprat et Gérard Garouste.

Détail du frontispice du Livre de pâtisserie de Jules Gouffé, Paris, Hachette, 1873.
Alice Guy Blaché, Madame a des envies, 1906
Le Corrège, Io et Jupiter (détail), 1532-1533, huile sur toile, 164 x 70 cm, Vienne, Kunsthistorische museum