Les grands invités de l'édition 2022
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Adel Abdessemed est né le 2 mars 1971 à Constantine en Algérie. Artiste plasticien, il a commencé ses études à l’École régionale des Beaux-Arts de Batna puis à l’École supérieure des Beaux-Arts d’Alger. Il quitte l’Algérie pour la France en 1994 après avoir subi la censure ainsi que plusieurs tentatives d’attentats. À son arrivée en France, il s’inscrit à l’École nationale des Beaux-Arts de Lyon où il élargit son utilisation des matériaux au-delà des médias traditionnels, notamment par la vidéo. Depuis ses premières expositions à Berne puis Milan en 2001, ses œuvres sont marquées par la violence et la notion de traumatisme et répondent aux convulsions du monde contemporain. D’autres expositions lui ont par la suite été consacrées à New York, San Francisco, Londres ou Doha, et il a notamment été à l’honneur lors d’une rétrospective au Centre Pompidou à Paris en 2012, dont il est nommé membre du conseil d’administration en 2019. Adel Abdessemed travaille actuellement sur la scénographie et les costumes de l’opéra Saint François d’Assise d’Olivier Messiaen, dont la mise en scène est prévue en 2024 au Grand Théâtre de Genève.
Pedro Cabrita-Reis, né le 5 septembre 1956, est un artiste portugais. Il a étudié à la Saint Martin’s School of Art, au Royal College of Art et à l’University College de Londres. Pedro Cabrita-Reis cherche à mettre en lumière « les conditions nécessaires à la vie » dans une œuvre combinant une multiplicité de médiums et de techniques, tels que la peinture, la sculpture, la photographie, le dessin ou l’installation. La perte de la nature, qui apparaît dans son œuvre de manière extrêmement distanciée, est l’un des moteurs de son travail. Il considère que l’architecture la remplace et comprend celle-ci comme une discipline mentale ou un « exercice de réalité » par lequel l’être humain se mesure à lui-même et au monde. Pedro Cabrita-Reis est aujourd’hui l’un des plus célèbres artistes portugais contemporains. Il a participé à des expositions internationales majeures, dont la Documenta IX en 1992 et la 50e Biennale de Venise en 2003 en tant que représentant du Portugal. Son œuvre, intitulée Três Graças, est actuellement (et jusqu’en octobre 2022) installée dans le jardin des Tuileries à l’occasion de la Saison France-Portugal.
Luís Miguel Cintra, né le 29 avril 1949 à Madrid, est un comédien de théâtre et acteur de cinéma, scénariste, et metteur en scène, véritable légende vivante dans son pays. Luís Miguel Cintra fait ses débuts au théâtre en 1968 en intégrant la compagnie de l’Université de Lisbonne, « Grupo de Teatro de Letras ». De 1970 à 1972, il suit des cours d’art dramatique à la Bristol Old Vic Theatre School grâce à une bourse de la Fondation Calouste-Gulbenkian. De retour au Portugal en 1973, il fonde la troupe de théâtre Teatro da Cornucópia pour laquelle il a dirigé, jusqu’en 2015, de très nombreuses pièces, aussi bien classiques que modernes. Luís Miguel Cintra a été l’un des artisans du nouveau théâtre portugais et a prôné l’ouverture à l’Europe et au monde après la Révolution des Œillets. En 1984, il participe avec le Teatro da Cornucópia au festival de théâtre de la 41e Biennale de Venise. En 1988, il met en scène pour le Festival d’Avignon le spectacle La Mort du Prince et Autres Fragments de Fernando Pessoa qu’il présente à nouveau l’année suivante au Festival d’Automne de Paris. Luís Miguel Cintra a également fait carrière au cinéma. Il figure au générique de plus de cinquante films, presque exclusivement de réalisateurs portugais, et notamment de Manoel de Oliveira pour lequel il a tourné dix-sept fois, en tant qu’acteur principal. Déclamateur de poésie, il a enregistré la lecture intégrale de nombreux poèmes, entre autres ceux de Fernando Pessoa, Sophia de Mello Breyner ou Ruy Belo.
Caroline van Eck, née en 1959, est historienne de l’art. Elle a étudié l’histoire de l’art à l’École du Louvre à Paris, ainsi que les lettres classiques et la philosophie à l’Université de Leyde. En 1994, elle a obtenu son doctorat en esthétique à l’université d’Amsterdam où elle a enseigné, ainsi qu’aux universités de Groningue et de Leyde, où elle a été nommée professeure d’histoire de l’art et de l’architecture en 2006. Elle a été membre invitée du Warburg Institute, du Paul Mellon Centre for British Art de l’université Yale, et professeure invitée à Gand, New Haven, York et Paris, à l’Institut national d’histoire de l’art en 2013 et à l’École normale supérieure en 2018. En septembre 2016, elle a pris les fonctions de professeure d’histoire de l’art à Cambridge et, en 2017, a donné les Slade Lectures à l’université d’Oxford sur le thème de « la présence matérielle des antiquités absentes ». Ses principaux intérêts de recherche sont l’histoire et la théorie de l’art et de l’architecture du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, la réception classique, l’anthropologie de l’art ainsi que Giovanni Battista Piranèse, Gottfried Semper et Aby Warburg. En mars 2014, Caroline van Eck a reçu le prix Descartes-Huygens de l’Académie des sciences morales et politiques. En décembre de la même année, elle a été nommée chevalier de l’Ordre national du Mérite par le Président de la République française. Elle a reçu le Prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises par l’Académie française en 2015.
Maria de Medeiros, née à Lisbonne en 1965, est actrice et réalisatrice. À l’âge de quinze ans, elle interprète son premi r rôle au cinéma dans le film Silvestre de João César Monteiro et, très vite, joue pour la première fois au théâtre sous la direction de Philippe Fridman. En 1984, elle déménage à Paris où elle fréquente l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre et entre au Conservatoire national d’art dramatique. Sous la direction de Brigitte Jaques, elle entame définitivement sa carrière de comédienne dans Elvire Jouvet 40, pièce créée au Théâtre National de Strasbourg en 1986. Au début des années 1990 commence sa carrière d’actrice aux États-Unis, dans Henry et June de Philip Kaufman en 1990 et Pulp Fiction de Quentin Tarantino en 1994. Elle n’a pour autant jamais délaissé le théâtre et le cinéma portugais, jouant notamment dans A Divina Comédia (La Divine Comédie) de Manoel de Oliveira (1991), Huevos de Oro de Bigas Lunas (1993), ou encore Três Irmãos de Teresa Villaverde (1994), rôle qui lui a valu le prix de la meilleure actrice aux festivals de Venise et de Cancun. En 1999, elle réalise un premier long-métrage portant sur la Révolution des Œillets, Capitaines d’avril, unanimement salué par la critique et qui est retenu pour la sélection officielle du festival de Cannes en 2000. Elle obtient le Grand Prix du Festival International de São Paulo et le Prix Globo de Ouro du meilleur film au Portugal la même année. Son nouveau film, À nos enfants, est sorti en France en février 2022.
Michel Pastoureau, enseignant-chercheur, archiviste-paléographe, historien médiéviste français, est né en 1947 à Paris. Après des études d’histoire, il soutient en 1972 à l’École nationale des chartes une thèse portant sur le bestiaire héraldique du Moyen Âge. Depuis 1983, il occupe la chaire d’histoire de la symbolique occidentale à l’École Pratique des Hautes Études (4e section). Il enseigne également régulièrement à l’École du Louvre. Le 28 avril 2006 il est élu correspondant français de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il est membre de l’Académie internationale d’héraldique et fut président de la Société française d’héraldique et de sigillographie entre 2008 et 2017. Après un Dictionnaire des couleurs de notre temps (Bonneton, 1992), et une exploration des Rayures (Le Seuil, 1995), il a entrepris une synthèse sur l’histoire sociale des couleurs en Occident (Bleu ; Noir; Vert; Rouge; Jaune, éditions Seuil). En parallèle, il mène un travail sur l’histoire culturelle des animaux, avec des ouvrages consacrés à l’ours (2007, Seuil), au cochon (2009, Gallimard), au loup (2019, Seuil), au taureau (2020, Seuil) et au corbeau (2021, Seuil). Poursuivant ce domaine de recherche, il a produit avec Mathilde Wagman l’émission « Les animaux aussi ont une histoire » sur France Culture.
Née à Lisbonne en 1962, Susana de Sousa Dias est productrice et réalisatrice. En 1984, elle obtient un diplôme à l’École de théâtre et de cinéma de Lisbonne. Par la suite elle s’inscrit au cours de peinture à l’École des beaux-arts de Lisbonne, où elle obtient son diplôme en 1991. En 2005, elle obtient une maîtrise en esthétique et philosophie de l’art avec une thèse portant sur le cinéma, l’archive et la mémoire qui accompagne la réalisation de son premier long métrage documentaire. Natureza Morta reçoit le Prix du mérite au Festival du film documentaire de Taiwan en 2006 et le Prix des films d’Atlanta à Doclisboa la même année. Dans ce film, Susana de Sousa Dias n’utilise que des images d’archives, sans audio, qui dépeignent les années de la dictature portugaise. Son documentaire le plus connu, 48, réalisé en 2010, approfondit cette approche du montage photo. Toujours sur le thème de la dictature, le film montre les photographies de prisonniers politiques, accompagnées de témoignages de leurs expériences de la torture. 48 a remporté plusieurs prix tels que le Grand Prix au Cinéma du Réel, le Prix FIPRESCI au DOK Leipzig ou encore le Grand Prix au Festival international du film indépendant de Mar del Plata en Argentine. Elle enseigne les nouveaux médias à la faculté des beaux-arts de l’université de Lisbonne et est l’auteure de divers essais sur le cinéma.
Eduardo Souto de Moura, né le 25 juillet 1952 à Porto, est architecte. Il a fait son apprentissage auprès des architect s Álvaro Siza, dont il a été l’assistant à l’Université de Porto pendant une décennie, et Fernando Távora. Son travail est orienté vers la réalité, dont il est un nouveau prolongement, notamment par la récupération des matériaux locaux, des techniques et des couleurs traditionnelles, auxquelles il intègre les lignes épurées du minimalisme. Souto de Moura a principalement travaillé au Portugal, avec des incursions occasionnelles en Italie, en Espagne, en Suisse ou en Belgique. En 2011, il reçoit le prestigieux prix Pritzker en reconnaissance d’une œuvre qui est « une preuve convaincante du potentiel expressif moderne du langage et de l’adaptabilité aux différentes situations locales. » Ses réalisations les plus significatives sont le Pavillon de la connaissance des mers de l’Expo 1998 à Lisbonne, le Pavillon portugais de l’Expo 2000 à Hanovre, la transformation du bâtiment des douanes en Musée des transports et des communications et la Maison du cinéma, tous deux à Porto et achevés en 2002, le stade de Braga (2004) pour lequel il est lauréat du Chicago Athenaeum International Architecture Award, ou encore la réhabilitation de la Comédie de Clermont-Ferrand.
Barthélémy Toguo est né en 1967 à Mbalmayo au Cameroun. Artiste plasticien, il vit et travaille entre Bandjoun (Cameroun) et Paris. Il a commencé ses études à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts d’Abidjan en Côte d’Ivoire en 1989 puis a été admis à l’École supérieure d’arts de Grenoble. Sa formation s’est poursuivie en Allemagne, à la Kunstakademie de Düsseldorf. Sa pratique artistique est plurielle, utilisant à la fois le dessin, la peinture, la sculpture, la photographie, l’installation et la performance. Barthélémy Toguo puise idées, formes et motifs dans un patrimoine mondial dont les références à l’Afrique, qu’il s’agisse d’art ancien ou d’art contemporain, sont néanmoins très présentes. Son art mêle souvent l’humain, le végétal et l’animal, donnant naissance
à des figures anthropo-zoomorphes, questionnant les concepts d’humanité et d’animalité et les rapports entre les vivants. En 2013, il créé Bandjoun Station dans la ville du même nom. Il s’agit d’une structure culturelle permettant la résidence d’artistes venus du monde entier, une structure en lien avec son environnement direct puisqu’elle possède également un volet agricole. Barthélémy Toguo a participé en 2015 à la 56e édition de la Biennale d’art contemporain de Venise, avec une œuvre intitulée All the World’s Futures. L’année suivante, il a été finaliste du prix Marcel Duchamp et a été invité à ce titre à exposer au Centre Pompidou. En 2021, il est l’invité du musée du Quai Branly-Jacques Chirac. »
Teresa Villaverde Cabral, née à Lisbonne le 18 mai 1966, est actrice et cinéaste. Autodidacte de formation, elle a commencé sa carrière en travaillant comme metteuse en scène pour la troupe de théâtre de l’École des Beaux-Arts de Lisbonne avant de travailler dans le milieu du cinéma. En 1986, elle tient son premier rôle dans le film À Flor do Mar (À fleur de mer) du réalisateur João César Monteiro. Mais elle se tourne rapidement vers l’écriture de scénarios, le montage et la réalisation. Elle appartient au groupe de cinéastes qui a renouvelé le langage cinématographique portugais dans les années 90 en se détachant d’une culture nationale pour traiter des problèmes contemporains et s’ouvrir aux pays européens mais également aux anciennes colonies portugaises. Plusieurs de ses films ont été sélectionnés dans les plus importants festivals de cinéma : en 1991, son premier film A idades maior (Alex) fait partie de la compétition de la Berlinale ; en 1994, Maria de Medeiros reçoit la coupe Volpi de la meilleure actrice à la Mostra de Venise pour son film Três Irmãos ; en 1998, Os mutantes (Les Mutants) est présenté au Festival de Cannes dans la section « Un Certain regard ». Elle revient au Festival de Cannes en 2006 pour présenter Transe lors de la « Quinzaine des réalisateurs ». Ses films mettent en scène les laissés-pour-compte de la construction européenne, les enfants et adolescents, les femmes isolées ou encore candidats à la migration, dans une volonté de représenter « la force des fragiles ».