L’animal est un élément consubstantiel à l’art. Sa présence est à la fois continue et multiple, à l’image de la place fondamentale qu’il occupe dans l’imaginaire culturel des civilisations passées et actuelles. Longtemps la présence de l’animal dans l’art, établie depuis les grands témoignages de l’art préhistorique, devait jouer le rôle de miroir de l’Homme, d’illustration des émotions ou les concepts humains. Ce caractère symbolique de l’animal sera bien entendu abordé au cours du festival, notamment grâce à la présence tutélaire du château de Fontainebleau, ancien relai de chasse, dont les visites des espaces, les ateliers et les expositions permettront au public de découvrir son bestiaire tant dans sa dimension iconographique et décorative.
Mais l’animal n’est pas destiné à ne rester qu’un motif illustratif des existences et des pensées humaines. L’objectif de l’édition 2022 du festival de l’histoire de l’art est de rendre à l’animal son entière altérité. L’histoire artistique des animaux est en effet une histoire muette, façonnée par l’humanité, où le devenir des bêtes sert avant tout à chanter les louanges du génie humain. Néanmoins, l’époque contemporaine, sous l’impulsion des animal studies qui ont pris leur essor à partir des années 1970, invite à repenser, par nombre d’aspects et selon des approches interdisciplinaires la question de la place et de la condition animales dans la grande histoire du monde et l’histoire de l’art prend pleinement part à ce changement de paradigme et oblige scientifiques et spectateurs à repenser la place de l’animal dans l’art.
Le festival s’engage lui-aussi dans ce tournant historique qui n’est pas sans incidence tant pour les artistes que pour les historiennes et historiens de l’art. Les conférences et débats seront ainsi et avant tout dédiés à la remise en question de notre rapport à l’animal et au rôle que l’histoire de l’art à jouer dans ce changement de paradigme.
Les notions d’animalité et d’humanité seront interrogées et confrontées et en contrepoint, « l’être » ou le « devenir » animal de l’homme, à travers les rituels religieux ou chamaniques, mais aussi à travers la pratique artistique seront également étudiés. La question de l’animal comme matériau, qu’il s’agisse des divers épidermes selon les espèces (poils, écailles, peaux, plumes) mais également de la chair comme objet de représentation sera le sujet de plusieurs interventions et permettra également d’aborder la notion de bien-être animal, sujet central de nos sociétés contemporaines mais aussi problématique importante pour l’histoire de l’art.
Les interventions viendront ainsi s’inscrire dans plusieurs grands thèmes fédérateurs, susceptibles de rendre compte de la multiplicité des spécificités historiques, des usages et des fonctions, des contextes et des modalités d’approche relatives au thème de l’animal dans les arts visuels.