Pays invité :
Le Japon

Le volet dédié au Japon a pour ambition d’offrir un grand panorama des arts visuels de ce pays, traversant toutes les périodes et tous les médiums.

Au total, une programmation scientifique et culturelle composée de plus d’une soixantaine d’évènements (conférences, tables rondes, projections) associés à de très nombreuses activités familiales (visites, concerts, ateliers pédagogiques et créatifs) qui laisseront au festivalier la liberté de s’orienter selon ses propres centres d’intérêts à l’intérieur de cette offre d’une variété inédite.

Le programme suivra un parcours chronologique débutant avec des conférences sur la période Jômon, suivies d’une longue section dédiée aux arts anciens, puis d’un grand volet consacré à la période Meiji à partir de la fin du XIXe siècle, pour s’achever sur les pratiques contemporaines du début du XXe siècle jusqu’à nos jours. Grâce au soutien exceptionnel de la Fondation Ishibashi, mécène principal du Festival, plus de 40 historiens de l’art et de l’architecture japonaise ont pu être invités à participer, offrant pour la première fois au public français l’occasion d’écouter et d’échanger avec un nombre significatif de conférenciers japonais autour de leur patrimoine artistique et culturel.

Avec leurs homologues français, ils retraceront l’histoire de la production artistique de ce pays, évoqueront le savoir-faire de ses artistes et de ses artisans, ainsi que les idées qui les ont inspirés.

Les langages formels des créateurs japonais sont aussi respectueux de règles ancestrales que singulièrement innovants. Cette habile façon de subvertir son propre héritage pour mieux le sauvegarder se retrouve à toutes les époques et dans tous les domaines : architecture, céramique, laque, peinture sur soie, sculpture, art du pliage, mode, design… Cette étonnante plasticité de la culture japonaise, qui préserve ses traditions en les confrontant à d’autres cultures et à d’autres temps, sera l’un des fils rouges qui traverseront le Festival durant ces trois jours avec, par exemple, des discussions autour de la production des architectes mondialement connus Tadao Ando et Kengo Kuma, ainsi que l’évolution du design japonais. Le pavillon de thé Fu-an créé par Kengo Kuma, dont l’installation au Festival se fera en écho avec la collection d’objets d’art offerts à Napoléon III, peut être considéré comme l’emblème d’un dialogue permanent entre les époques et les cultures. Et dans un tout autre domaine, l’art des mangas, on apprendra qu’ici aussi le jeu entre motifs classiques et déclinaisons contemporaines reste fondamental.

Après une longue période d’isolement volontaire, l’ouverture du Japon à la modernisation sous l’ère Meiji a amené celui-ci à accorder ses traditions artistiques aux nouvelles conditions du marché mondial. Comment les artisans et artistes japonais ont-ils réussi à conserver une si forte identité en adaptant leur création aux goûts et attentes des marchés étrangers, et avec un si grand succès ?

Une série d’interventions s’interrogera sur les effets de la mondialisation dans la production d’objets japonais destinés à l’exportation dès le XVIIe siècle, lorsque des nouveaux liens commerciaux avec des pays des continents européens et américains se sont ajoutés à ceux qui perduraient depuis des millénaires avec le continent asiatique. Cette thématique sera également au cœur de l’exposition Art et diplomatie, qui selon la commissaire scientifique Estelle Bauer, montre comment les cadeaux diplomatiques peuvent devenir des « liens de transmission féconds ».

 

En dehors du contexte commercial, la question du métissage et de l’appropriation culturelle sera par exemple abordée dans la conférence de Michael Lucken sur le « Japon grec ». On la retrouvera également dans les conférences sur les mélanges de styles picturaux orientaux et occidentaux au tournant du siècle dernier, sur les femmes artistes japonaises venues étudier à Paris dans les années 1920, ainsi qu’à l’occasion de tables rondes consacrées aux regards croisés entre l’architecture japonaise et l’architecture occidentale au XXe siècle. Un autre exemple de ces transferts culturels est le « jardin japonais » tel qu’il fut exporté un peu partout dans le monde à partir de la fin du XIXe siècle, et dont le jardin de Claude Monet à Giverny reste l’un des plus fameux exemples. Le modèle du jardin japonais à l’étranger fera l’objet d’une table ronde réunissant des paysagistes japonais, français et américains, avec un débat sur la protection de ces jardins. En parallèle, la fascination de l’Europe, et de la France en particulier, pour le Japon occupera une place importante dans le programme : seront abordées la question de la formation des collections d’art japonais en France autant que plus largement l’interprétation de ce « Japon imaginaire » qui s’est constitué à travers le mouvement du japonisme dans la deuxième moitié du XIXe siècle, continué presque cent ans plus tard par le biais d’écrivains et d’intellectuels comme Marguerite Yourcenar, Roland Barthes, Michel Foucault et tant d’autres.

Le dernier volet du Festival consacré à l’époque contemporaine ouvrira vers d’autres horizons avec une discussion sur les mouvements contestataires au sein de la scène artistique japonaise des années 1970 et sur la place importante de l’art contemporain japonais dans le monde d’aujourd’hui. Des commissaires d’expositions, chercheurs et directeurs de musées y prendront la parole, tandis que des artistes, architectes, céramistes et designers japonais vivant et travaillant actuellement en France, viendront témoigner de leur pratique.